Si, les professionnels de la petite enfance font "un vrai métier"
Publié le 16/10/2018
Après avoir signé, en 2014, les Chroniques d’une jeune maman débordée
, aux éditions Edilivre, une puéricultrice, directrice de crèche et chroniqueuse pour le site Les pro de la petite enfance
dévoile les coulisses de son travail dans un nouvel ouvrage : La crèche est mon quotidien
, paru chez Dunod en septembre dernier. Immersion, avec Anne-Cécile George, dans le monde de la petite enfance.
Le ton est badin mais le propos sérieux
Anne-Cécile George voulait rappeler que les professionnels de la petite enfance faisaient un vrai métier
. Cette puéricultrice, directrice de crèche et mère de deux enfants s’en amuse, mais relève tout de même : les parents nous laissent parfois leurs enfants en lançant "amusez-vous bien" !
Ce livre sert donc d’abord un peu à cela : rappeler le sérieux et l’ampleur de la tâche. Je trouve qu’il y a un manque de reconnaissance envers les professionnels de la petite enfance
, résume-t-elle, des professionnels qui pourtant, ne chôment pas, entre réflexion autour de la place du jeune enfant
, accueil des tout-petits, accompagnement à la parentalité, projets pédagogiques
…
Dans de courts chapitres sous forme de chroniques, Anne-Cécile George raconte ainsi : [ses] premiers pas de directrice
; l’accueil des nouveaux
; Bébés mordeurs, bébés mordus, mais que fait la crèche ?
; la pédagogie Montessori
ou encore l’apprentissage de la propreté
. La directrice d’établissement suit le fil de ses réflexions personnelles, émaillant ses récits d’anecdotes et raconte comment il lui est arrivé de changer d’avis sur de grands principes éducatifs, donne sa vision des modes ou encore tout simplement incite le lecteur à réfléchir à certains comportements. Le ton est badin mais le propos est sérieux.
Il y a peu, j’ai eu la révélation du siècle qui allait changer ma façon d’être avec les enfants sur la liberté de se mouvoir. Je prends un air assez solennel pour ce nouveau billet, tu le remarqueras (ou pas)
. Et la professionnelle d’expliquer comment, sous couvert de sécurité, on finit par empêcher toute prise de risque et tenir nos enfants en laisse. Parler de la petite enfance, réfléchir à la place actuellement accordée et à accorder aux enfants, fait partie de son métier, estime-t-elle. Parmi ses préoccupations, il y a par exemple l’enfant-objet de consommation. Quand je vois toutes ces photos sur les réseaux sociaux, pour se valoriser… la question se pose : nos enfants sont-ils devenus des enfants-objets ?
Ils sont nombreux à réfléchir sur le sujet, Boris Cyrulnik ou encore Olivier Maurel
pour ne citer qu’eux. Pour Anne-Cécile George, il est important d’aborder ces sujets. Je trouve que l’enfant est presque devenu un objet de consommation et qu’on est encore réfractaires à donner toute sa place à l’enfant aujourd’hui
, estime-t-elle. Pour autant, son livre ne se veut pas donneur de leçons mais a surtout l’ambition de lancer des pistes de réflexion.
Et le bisou sur la bouche ? On en parle ? Je ne parle plus des professionnels mais des parents qui embrassent sur la bouche leur enfant. Une mode ?
Devenir mère a quelque peu bouleversé la façon d’exercer d’Anne-Cécile George, confie-t-elle. On n’est pas uniquement des professionnelles. Notre identité professionnelle se construit aussi grâce à notre expérience personnelle
, observe-t-elle. Aujourd’hui, dans l’accompagnement à la parentalité, je suis plus à l’écoute, plus empathique et plus ouverte d’esprit
.
Depuis peu, la directrice de crèche a aussi repris ses études dans le cadre de la formation continue à l’école des Cadres de santé. Les cours de management, de sociologie, lui permettent de se sentir encore mieux armée
pour exercer son métier.
Note
La crèche est mon quotidien, une directrice prend la parole
, Anne-Cécile George, aux éditions Dunod, septembre 2018.
Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin