Pratiques avancées et spécialisations infirmières prioritaires sur les “nouveaux métiers”
Publié le 11/02/2011
Le rapport Hénart propose de partir des besoins en santé de la population pour définir les besoins en professionnels de santé, et non des diplômes détenus par ceux-ci.
S'il y a une « révolution culturelle » du rapport Hénart, comme ont pu l'écrire certains commentateurs, elle se situe dans la volonté clairement affirmée de réfléchir les besoins en professionnels de santé à partir des besoins en santé de la population.
De ce point de vue, les auteurs sont très clairs : la primauté du diplôme « ne permet pas toujours une bonne connexion entre le métier et les besoins. » Elle va m ême souvent à l'encontre de la carrière des professionnels eux-mêmes : elle crée de « l'incompréhension, voire de la frustration, dès lors que le professionnel possède un ou plusieurs diplômes non reconnus dans son activité ou sa rémunération. »
Les nombreuses infirmières possédant un master, voire un doctorat, dans des disciplines comme les sciences pédagogiques, le management ou la sociologie en seront certainement d'accord. Les auteurs du rappport se gardent bien de dresser un panorama des besoins non satisfaits : il reste à faire. Ce point n'a pas été assez souligné : il est pourtant crucial.
C'est lui qui permettra de ne pas mettre la charrue avant les bœufs, ou la remorque avant la voiture, si on préfère une métaphore plus moderne. Ils insistent pourtant sur un point qui lui aussi n'est pas assez souvent mis en avant : il y certes un problème de pénurie de professionnels et surtout un problème de répartition (dont au passage, les travaux des Ateliers santé ville montrent d'une part qu'ils sont aussi bien urbains que ruraux, bien qu'on parle surtout de ces derniers, d'autre part, qu'ils doivent être analysés à une échelle géographique très fine, par exemple, le quartier) ; mais il y a peut- être surtout « des ressources humaines mal réparties, mal utilisées (un partage inapproprié du champ des activités entre les métiers) ou des métiers non ajustés. » Il faut donc commencer par « une mise à plat » des métiers existants.
Mais pour qu'elle soit efficace, elle doit être « mise en place simultanément à plusieurs niveaux (national, régional, établissements ou équipes de travail). » Ce qui amène les auteurs à parler de « métiers socles », à partir desquels développer éventuellement des nouveaux métiers, mais avant cette étape, des pratiques avancées infirmières et des « spécialisations infirmières ».
On notera la subtilité sémantique : celles-ci « constituent des métiers distincts de celui d'infirmier » (...) ; toutefois, elles ne représentent pas (...) une nouvelle profession de santé de niveau intermédiaire », quoique « bien entendu elles pourraient le devenir avec l'intégration de pratiques avancées dans le domaine. » Effectivement, l'état des lieux semble urgent.
Serge CANNASSE Rédacteur en chef IZEOSserge.cannasse@izeos.com
Paris, 11 février 2011