Plus de 40% de salariés arrêtés pour maladie chaque année
Publié le 28/09/2022
L’absentéisme maladie reste un problème majeur et complexe. C’est ce que nous révèlent les résultats, sur sept ans, du Baromètre annuel Absentéisme de Malakoff Humanis. 42% des salariés se sont ainsi vu prescrire un arrêt maladie en 2022. Ce taux revient au niveau de 2016 (41%) après une baisse significative durant la période Covid (36% en 2020 et 38% en 2021).
L’analyse des données depuis 2016 met en lumière la sur-représentation de certaines populations dans ce phénomène - les jeunes, les femmes, les managers et les familles monoparentales - et confirme l’augmentation régulière des arrêts longs et des arrêts multiples. Les femmes sont davantage arrêtées que les hommes. L’écart s’est creusé au fil des années, passant de 6 points en 2016 à 11 points en 2022 (1). Il en va de même pour les managers avec 2 à 5 points au-dessus de la moyenne depuis 2018. Quant aux salariés aidants (2), ils sont toujours très au-dessus de la moyenne : 55% en 2022 versus 42% pour l’ensemble des salariés. La même tendance est observée pour les personnes élevant seules leurs enfants, avec un pic en 2022 : 66% contre 42% pour l’ensemble des salariés.
"Les situations de fragilité des salariés constituent une explication de plus en plus fréquemment avancée par les dirigeants pour expliquer l’augmentation des arrêts maladie : 27% des dirigeants en 2022 contre 20% en 2020"
Une hausse importante des arrêts pour motif psychologique
Hors Covid pour qui la part des arrêts est passée de 6% en 2020 à 12% en 2021 et 22% en 2022, les maladies « ordinaires » restent la première cause des arrêts maladie. Cependant, les troubles psychologiques arrivent en deuxième position en 2022 (20% des arrêts maladie vs 11% en 2016 dépassant ainsi les troubles musculo-squelettiques (16%). Ils concernent davantage les personnes élevant seules leurs enfants (38%), les femmes (24%), les managers (22%) et les jeunes (21% chez 18-24 ans). Ils sont également plus présents dans les secteurs de la santé (25%) et du transport (24%). Autre caractéristique, les arrêts pour motifs psychologiques sont deux fois plus longs (3) que les autres. En 2022, la durée moyenne des arrêts longs (9% en 2018 versus 14% en 2022) est de 97 jours. 64% des entreprises ont connu au moins un arrêt long dans les 12 derniers mois (vs 60% en 2020) notamment dans les secteurs de l’industrie, du BTP et de la santé.
"L’augmentation des arrêts multiples observée en 2021 se confirme en 2022 : 41% des salariés arrêtés l’ont été au moins deux fois dans l’année en 2022, contre 37% en 2019. Les arrêts multiples concernent davantage les aidants (50%) et les salariés du secteur de la Santé (44%)"
Le lien entre désengagement et absentéisme
Par ailleurs, la part de salariés qui « auraient envie de prendre un arrêt maladie alors qu’ils ne sont pas malades » est passée de 20% à 30% entre 2011 et 2022. Et le nombre de salariés qui se déclarent non investis dans leurs tâches atteint 26% des salariés en 2022 contre 18% en 2018. Les salariés de moins de 30 ans sont de plus en plus nombreux à se dire stressés au travail (52% vs 47% en 2018) ou épuisés (52% vs 43% en 2018). Ils sont également de plus en plus nombreux à déclarer consommer des somnifères ou des anti-dépresseurs (22% vs 9% en 2014)(4). Et ont toujours plus de difficultés à concilier vie professionnelle et vie personnelle (44% vs 36% en 2014). La même évolution est observée chez les managers pour qui ces chiffres, comme pour les jeunes, sont nettement au-dessus de la moyenne. 48% des managers se déclarent stressés au travail (vs 41% pour l’ensemble des salariés) et 59% épuisés (vs 50%).
Arrêts maladie : les managers dans l'œil du cyclone
A l’occasion de la publication de son baromètre annuel « Absentéisme maladie 2022 », Malakoff Humanis proposait, le jeudi 15 septembre dernier sur linkedin, une table-ronde sur le sujet en s’attardant plus spécifiquement sur un mouvement de fond : la situation difficile dans laquelle se trouvent les managers. Le live est disponible ici.
Une préoccupation forte et une volonté d’agir chez les dirigeants
En 2022, l’absentéisme est un sujet de préoccupation pour 59% des chefs d’entreprises (vs 51% en 2020). Ce taux atteint 76% dans les entreprises de plus de 50 salariés. 54% des dirigeants ont vu les coûts liés à l’absentéisme (coûts directs et indirects) augmenter au cours des deux dernières années (vs 31% en 2020). Plus de 4 dirigeants sur 10 jugent important le niveau d’absentéisme au sein de leur entreprise (vs 32% en 2020). 65% des dirigeants déclarent avoir mis en place au moins un dispositif de lutte contre l’absentéisme (vs 59% en 2020) : tableau de bord Absentéisme, actions de prévention (stress, nutrition, addictions…), dispositif de contrôle médical des arrêts de travail…
Pour aller plus loin
Bernadette Gonguet