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Publié le 20/05/2022

Pascal Ségault, Directeur de l’EHPAD L’Ostal du Lac dans de l’Hérault. (34)

Pascal SégaultL’accompagnement social devient-il une prioritédans les EHPAD ?

C’est important parce que c’est vital, au même titre que les soins et que la compensation de l’autonomie perdue. C’est important parce que cela différencie le médico-social du sanitaire. L’EHPAD doit être un lieu d’interactions sociales, de stimulation relationnelle et d’attention apportée à l’état psycho affectif des résidents. L’EHPAD doit être un lieu où le repas est bon, où les murs ne sont pas tous blancs et où les professionnels ne sont pas toujours en blouse. L’EHPAD peut conjuguer les soins et la vie sociale sans que les uns n’atténuent l’autre. L’EHPAD peut être une nouvelle étape de la vie durant laquelle le résident vit debout, digne, en dehors de sa chambre et comme il l’entend. Cet équilibre médico-social est possible malgré les moyens misérables octroyés au grand âge. Il naît de l’entente entre le médecin coordonnateur et le directeur. Il naît de l’absence de profits effectués aux dépens des résidents et des salariés. Il naît du projet managérial qui accompagne avec du cadre, de l’attention et de la générosité les professionnels dévoués qui y travaillent.

Quel est le challenge à relever aujourd’hui?

L’organisation et l’architecture de nos établissements prennent trop souvent une teinte sanitaire. Le simple intitulé des fonctions (Cadre de santé, Agent de service hospitalier…), les tenues professionnelles ou encore la terminologie employée (l’appel malade, le staff médical…) disent aux résidents qu’ils sont malades, même lorsqu’ils ne le sont pas. Il nous appartient d’instaurer une autre vision de la personne âgée et cela repose d’abord sur la qualité de la relation et les regards échangés. J’ai choisi d’exercer en EHPAD pour que ces établissements proposent un quotidien sûr, stimulant, doux et professionnel. Afin que la personne accueillie y vive dans la dignité, en ayant la possibilité d’y exprimer ses choix et sa citoyenneté. Afin également de fédérer une équipe autour du prendre soin, en collaboration avec des professionnels convaincus de la dimension conviviale et humaine de ces lieux de vie. Notre challenge est d’accueillir des personnes dont les besoins en soins augmentent tout en maintenant une dimension conviviale, “de maison”, au quotidien.

De quelles compétences avez-vous besoin pour muscler vos équipes?

Les établissements médico-sociaux sont des organisations complexes. Cette conjugaison de compétences et de métiers très différents est impactée par une charge de travail qui augmente. Cela participe à l’image dégradée et contribue au manque d’attractivité de notre secteur. Le turnover important et l’absentéisme pèsent parfois sur le moral des professionnels qui y exercent, mais ces conditions parfois difficiles n’entament pas la motivation des soignants exceptionnels qui nous rejoignent. La gestion de la pandémie a été l’occasion de le démontrer. Dans ces conditions, les cadres de ces établissements se doivent d’aimer les défis. Il s’agit en effet, pour eux, de créer des conditions de travail favorables à un accompagnement bien traitant des résidents. Malgré tout, et bien heureusement, des améliorations significatives sont possibles.

Sur quoi misez-vous en priorité pour améliorer ces conditions de travail?

De nombreuses mesures permettent l’amélioration rapide des conditions de travail, mais arrêtons-nous sur la plus importante selon moi : la définition du projet managérial. L’équipe de direction qui gère l’établissement interagit avec les professionnels continuellement. Elle est garante de l’entente et de la coordination de l’ensemble autour d’un projet commun : le meilleur accompagnement possible des résidents. Pour atteindre cet objectif, l’équipe de direction doit veiller aux personnels afin de les garder, les motiver, les protéger et les guider. Prendre en compte la singularité de chaque personnel, le projet professionnel de chacun et sa capacité à s’adapter aux objectifs nouveaux, à l’accélération d’un rythme ou à la modification d’un planning fait partie de nos priorités. Le management dans notre univers reste humain avant tout et c’est sans aucun doute ce qui fera notre force dans les années qui viennent.

Laurence Mauduit