On se dit tout…
Publié le 25/07/2022
Béatrice Boistard, cadre coordinateur du Département Interdisciplinaire des Soins de Support pour le Patient en Oncologie (Disspo) et chargée de missions Promotion de l’activité physique à l’Institut Curie.
Y a-t-il suffisamment de soignants engagés dans ces thérapeutiques non médicamenteuses ?
La sensibilisation et l’information des soignants restent encore relatives. Profitons de la préparation des Jeux olympiques de 2024 et du projet héritage qui englobe déjà le handisport pour impulser une dynamique dans laquelle le soin doit trouver sa place par l’activité physique adaptée. Dès le début du parcours de soins, nous avons du mal a intégrer, notamment le repérage de la sédentarité et de l’inactivité. Deux critères essentiels a bien identifier dans les soins notamment en cancérologie puisque ce sont des facteurs de risques très importants. Certains soignants le font, d’autres pas faute d’information et de formations initiales. On ne parle pas forcément de cette activité pourtant essentielle au moment des traitements dans la prise en charge des patients. Il ne faut pas trop médicaliser cette approche. C’est un soin qui doit essentiellement rester une notion de plaisir pour que l’activité se prolonge et les soignants jouent un rôle crucial à ce niveau.
Qui peut exercer cette activité ?
Cette activité nécessite quoiqu’il en soit une spécialisation. Il y a plusieurs niveaux d’intervention. D’abord les coaches standard, tous les éducateurs brevetés et les masseurs kinésithérapeutes. Je veux insister ici sur l’importance d’échanger sur les limitations et d’orienter chaque patient vers le bon professionnel. À partir du moment où l’oncologue précise une limitation fonctionnelle, si elle est modérée nous allons l’orienter vers un enseignant en activités physiques adaptées qui a été formé, si c’est plus important, le recours au kiné est systématique. Les masseurs kinésithérapeutes sont le Top des éducateurs. L’enseignant en activité adaptée doit trouver la bonne activité pour chaque patient, lui permettre d’avoir cette accroche pour une activité à poursuivre jusqu’à la fin de sa vie.
Quelles formations conseillez-vous aux soignants ?
Aujourd’hui toutes les UFR staps proposent cette spécialisation. Il s’agit d’une licence 3 activités physiques adaptées, sous-entendu au rythme et aux besoins liés à la pathologie du patient. On peut aussi aujourd’hui faire un Master et bon nombre d’étudiants prolongent cette spécialisation en physio, en psycho. Ce Master activités physiques adaptées en santé nous intéresse particulièrement puisqu’il offre une sécurisation dans l’orientation de nos patients vers les éducateurs requis qui doivent connaitre tous les effets indésirables et les limitations que les patients peuvent rencontrer. Cela est essentiel. Les infirmiers et les infirmières peuvent aujourd’hui rejoindre assez facilement ce Master spécialisé par le tronc commun. Pour celles et ceux qui cherchent à acquérir ces compétences sans repasser par un cursus d’enseignement classique, il existe depuis 10 ans un DU sport et cancer dispensé par la CAMI Sport et Cancer. Il y a aussi le « PGPGYM cancer » qui dispense une formation plus courte, un peu moins reconnue, mais qui me parait tout à fait adaptée à la prise en charge des patients pour les limitations modérées.
Propos recueillis par Laurence Mauduit