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Publié le 12/04/2022

Guillaume Dupont, Anesthésiste-Réanimateur

Guillaume Dupont - Anesthesiste RéeanimateurVous faites partie des spécialistes les plus recherchés : où en êtes-vous dans votre parcours ?

Praticien hospitalier au CHU de Saint-Étienne je m’en suis éloigné en 2019. Le manque de personnels, mais d’abord de management au niveau des chefferies de service aboutissait à 90 heures d’activité clinique par semaine auxquelles s’ajoutaient la rédaction de ma thèse de sciences et les travaux à la fac. Cela ne pouvait plus durer, car pour être au top niveau, on a aussi besoin d’épanouissement dans sa vie privée ce que ma hiérarchie n’a pas su comprendre. Je ne pouvais pas tout sacrifier à mon métier alors je suis parti. De remplacement en remplacement, je suis finalement à la clinique Mutualiste de Saint-Étienne, mais les activités universitaires et d’enseignement me manquent terriblement.

Seriez-vous prêt à reprendre le chemin de l’hôpital ?

La carrière universitaire pourrait aujourd’hui me faire revenir à l’hôpital public pour retrouver la partie recherche et enseignement et la formation médicale. L’accompagnement des internes, la transmission des savoirs et la construction médicale des jeunes confrères restent de loin le plus stimulants à mes yeux aujourd’hui. Bien sûr, la problématique des salaires demeure. Malgré la revalorisation sous forme de prime, les indemnités de nuit de garde qui sont toutes des nuits blanches, on est loin du compte. La création des docteurs juniors, ces internes thésés qui vont faire tourner l’hôpital public de demain avec des salaires minimums ne me semble pas un bon signal. Les récentes revalorisations avantagent finalement les derniers échelons alors que les CHU devraient se montrer plus généreux en priorité envers les personnels en début de carrière, les internes et les assistants. Malgré tout, je n’écarte pas l’idée de rejoindre à l’avenir un CHU, sans équivalent pour renouer avec les activités universitaires et d’enseignements.

Par quoi commencer pour relancer l’attractivité des postes hospitaliers ?

Le Ségur de la santé est totalement passé à côté du démontage des enjeux de pouvoir de la caste hospitalo-universitaire qui n’est absolument pas formée au management des équipes. La réussite y est d’abord une question de sacrifice, y compris familiale. On fait des choix dans un système pas très bienveillant. Il faut rompre avec l’omerta totalement dépassée. Cela commence à bouger dans les établissements où des PH viennent d’être nommés chef de service. Les fonctions universitaires se sont paupérisées et j’estime que c’est devenu l’enjeu prioritaire pour réenclencher une dynamique d’attractivité à l’hôpital.

Laurence Mauduit