IPA : l’ONI fait de la pédagogie, mais pas d’annonces

Publié le 16/10/2018

Les Infirmières de Pratique Avancée (IPA) étaient au menu d’une table-ronde qui s’est tenue au siège de l’Ordre National des Infirmiers (ONI), le 21 septembre. L’occasion de faire de la pédagogie sur le sujet et d’éclaircir les interrogations, mais certains points -comme celui de la rémunération notamment- restent flous.

IPA : l’ONI fait de la pédagogie, mais pas d’annonces

L’exercice de pratique avancée infirmière est certes une évolution, mais aussi une révolution, a souligné Patrick Chamboredon Président du Conseil national de l’Ordre des infirmiers dès le début des discussions. Et sur ce point, les interlocuteurs présents à la table ronde initiée par l’ONI, étaient unanimes. La collaboration entre médecins et non médecins étaient nécessaire, a ainsi fait remarquer Guy Boudet, à la Direction Générale de l’Offre de soins, qui avait plus d’un argument en faveur des IPA : ce nouvel acteur sera au service du patient et va permettre de dégager du temps médical. Si, comme l’a rappelé le Dr François Simon, Président de la section Exercice professionnel du Conseil national de l’Ordre des médecins, les discussions ont été parfois âpres, s’il a fallu reposer certaines bases, dépasser une certaine défiance et sortir finalement du flou, de l’avis de tous, s’appuyer sur les infirmières, c’était la bonne idée.

 Ces infirmiers créent une évolution et même une révolution dans la prise en charge des usagers." Patrick Chamboredon.

Les IPA vont permettre de "restituer du temps médical"

Avec les IPA, la notion de coopération hospitalière passe d’une inscription dans l’expérimentation à une inscription dans le droit, s’est félicité Patrick Chamboredon. Les infirmiers pourront, dans le suivi chronique, éviter les hospitalisations, améliorer certaines prises en charge, être plus pertinents grâce à une vigilance sur certains examens qu’ils pourront prescrire. Tout cela constituera un gain pour la collectivité en termes financiers mais contribuera aussi à restituer du temps médical, a-t-il pris le temps d’expliquer, prenant le soin de rappeler que les infirmiers de pratique avancée ne marcheront en aucun cas sur les plates-bandes des médecinsLe médecin reste le pivot, le coordinateur, mais cette coordination va se faire en reconnaissant des champs d’autonomie plus larges pour un certain nombre de pathologies (et notamment les pathologies dites stabilisées). Le champ d’intervention des infirmiers en pratique avancée a, on s’en souvient, été défini par deux décrets et trois arrêtés publiés le 19 juillet dernier au Journal Officiel : il concerne les pathologies chroniques stabilisées, tout ce qui est lié à l’oncologie et tout ce qui est lié à la dialyse à transplantation rénale, a ainsi rappelé Guy Boudet, chef de bureau à la Direction générale de l’offre de soins (DGOS) du ministère de la Santé, sans oublier la santé mentale, qui pourrait bientôt s’ajouter à ces trois domaines d’activité.

"Le médecin reste le pivot"

La règle c’est : le médecin est toujours le premier intervenant et ensuite, selon un certain nombre de conditions prévues par les textes du 19 juillet, l’infirmier lui, assure le suivi, la stabilisation, avec des prérogatives de prescription sur un certain nombre d’actes déclinés, également, dans un arrêté. Concrètement, les IPA auront un rôle dans la prévention, le suivi de certaines pathologies avec la prescription de certains produits ou examens. Pour Alain-Michel Ceretti, Président de France Assos Santé, IPA vont donner de la fluidité, c'est une certitude, donc ça va redonner du temps médical, mais ça va aussi redonner du temps à l'infirmier qui suit son malade et qui le connaît bien, de pouvoir identifier des problèmes qu'il n'aurait pas vus autrement et de pouvoir les remonter au niveau du médecin donc c'est plus de qualité et plus de sécurité pour les malades et ça, c'est une bonne chose. En France, nous ne sommes pas en avance sur le sujet mais c'est en œuvre, donc ne boudons pas notre satisfaction.

Formation : "ça démarre très rapidement"

Les formations des infirmières en pratique avancée (IPA) ont débuté au mois de septembre dans les Universités (déjà opérationnelles) d'Aix-Marseille et de Besançon et huit autres devraient l’être dès le mois d’octobre. Pour rappel, les Infirmiers de Pratique Avancée valideront un Diplôme d’Etat en pratique avancée qui conférera le grade de Master, ils pourront faire de la recherche, et devront effectuer deux années d’études supplémentaires. Difficile de faire déjà un premier bilan, mais Antoine Tesnière Conseiller santé de la Direction générale de l’enseignement supérieur du Ministère de l’enseignement supérieur, s’est réjoui que la formation rencontre déjà autant de succès. De manière générale, il y a beaucoup de demandes et la plupart des universités sont malheureusement obligées de refuser pour la première année un certain nombre de candidatures. On espérait que ça démarre rapidement, ça démarre effectivement très rapidement.

 C'est très important de créer ce nouveau métier, de l'intégrer dans notre système de santé, de l'évaluer et de continuer à le moderniser. Pr Antoine Tesnière.

Regardez la synthèse de cette "Matinée de l'Ordre national des infirmiers" dédiée à l'exercice infirmier en pratique avancée

Pas d’info sur la rémunération des IPA

Le flou continue en revanche d’entourer la question du statut et de la rémunération des Infirmiers de Pratique Avancée. Interrogé sur le sujet par le Dr Jacques Battistoni, président du syndicat MG France, Guy Boudet a seulement évoqué des négociations conventionnelles pour ce qui est des IPA libérales, et des arbitrages pour les IPA hospitalières, actuellement en cours. C’est même le modèle économique qui reste à définir, selon les interlocuteurs présents ce jour-là. Une affaire (encore) à suivre donc.

Susie BOURQUINJournaliste susie.bourquin@infirmiers.com @SusieBourquin