État des lieux sur les établissements de santé, données 2021
Publié le 21/08/2023
Capacités d’accueil et activité en hospitalisation complète et partielle, effectifs et salaires des personnels, situation économique et financière… Comme chaque année, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) a passé au crible les hôpitaux publics, cliniques privées et établissements à but non lucratif avec un focus, comme l’an passé, sur les effets du Covid-19 dans ces structures de soins. Décryptage des données de 2021 d’ores et déjà disponibles.
Fin 2021, le secteur hospitalier français était constitué de près de 3 000 établissements de santé (Drom inclus) révèle la Drees en préambule : précisément 1 344 hôpitaux publics, 982 cliniques et 661 établissements à but non lucratif, dont 20 centres de lutte contre le cancer (CLCC). À noter la baisse régulière du nombre de ces établissements de santé – surtout les hôpitaux publics (anciens hôpitaux locaux et établissements de soins de longue durée) – ces huit dernières années, « conséquence de réorganisations et de restructurations diverses, liées aussi bien à la rationalisation de la prise en charge qu’à l’amélioration de la qualité des soins ».
Capacités d’accueil
Ainsi fin 2021, la capacité d’accueil de ces établissements était de 383 000 lits d’hospitalisation complète (lits) et de 82 000 places d’hospitalisation partielle (sans nuitée). Si le nombre de lits se replie depuis près de vingt ans (surtout en USLD) du fait du “virage ambulatoire” rendu possible par « les innovations en matière de technologies médicales et de traitements médicamenteux (notamment en anesthésie) », il est toutefois moins marqué en 2021 qu’en 2020 (-1,0% versus -1,3%) et se rapproche donc de la tendance observée durant la période 2013-2019 (-0,9% par an en moyenne). A contrario, les capacités d’hospitalisation partielle continuent de progresser (+3,4%), ce qui compense entièrement le ralentissement de 2020. Comme pour les années précédentes, la Drees relève par ailleurs la subsistance de « disparités de densité de lits et de places […] entre les départements » : « Trois départements de Nouvelle-Aquitaine, deux d’Auvergne-Rhône-Alpes et trois de la région Occitanie se distinguent par une forte densité́ de lits comme de places. À l’opposé, Mayotte et la Guyane ont une faible densité pour les deux types d’accueils. L’ampleur des disparités en nombre de lits et de places entre départements diffère selon la discipline. Elles sont notamment plus modestes en court séjour (MCO) : pour la psychiatrie et le moyen séjour, les dix départements les mieux dotés disposent d’au moins deux fois plus de lits et places par habitant que les dix départements les moins bien dotés (rapport interdécile), alors que ce rapport est de 1,8 pour le MCO. »
Activité en hospitalisation complète et partielle
En 2021, la crise sanitaire liée à l’épidémie de Covid-19 a continué de perturber fortement l’activité hospitalière en France. Après la forte baisse d’activité de 2020, le nombre de journées d’hospitalisation partielle a rebondi de 26,3 % et celui des séjours d’hospitalisation complète de 3,3 % (notamment en MCO et en psychiatrie). Toutefois, « ces hausses n’ont pas permis de retrouver partout les niveaux d’activité observés avant 2020 ». Les séjours et les journées restent ainsi en recul de près de 10 % chacun par rapport à 2019.
À noter également que le nombre de passages aux urgences a fortement augmenté (+12,2 %), sans renouer cependant avec les niveaux atteints en 2019. Autre fait marquant pointé par la Drees, le volume d’activité hospitalière plus important en 2021 qu’en 2020 lié aux patients hospitalisés pour Covid-19 (373 000, soit 70 000 de plus), avec une durée moyenne de séjour plus longue.
Quant aux alternatives à l’hospitalisation classique (séances de chimiothérapie, radiothérapie et dialyse réalisées en grande partie en ambulatoire), celles-ci retrouvent en 2021 leur dynamisme après un ralentissement en 2020 (+4,5 %). Un « rebond » qui malgré tout « n’efface pas complètement les effets du net ralentissement observé en 2020 ». En outre, l’hospitalisation à domicile (HAD) a continué de progresser en 2021, « mais sur un rythme ralenti, contrecoup de la forte accélération constatée en 2020 ». Le nombre de séjours a augmenté de 3,7 % (+15,8 % en 2020) tandis que celui de journées de 2,5 % (+10,5 % en 2020). Selon la Drees, « la prise en charge en HAD de nouveaux patients atteints de Covid-19 » de même que « le report d’une partie de l’activité́ hors Covid-19 de MCO vers l’HAD » peuvent expliquer cette accélération de l’activité d’HAD pendant la crise sanitaire.
Évolution des effectifs et des salaires
S’agissant des effectifs salariés des hôpitaux publics1, la Drees constate une progression qui se poursuit (+0,6%), pour atteindre fin 2021 près de 1,1 million de salariés (soit quasiment 78% des effectifs du secteur hospitalier dans son ensemble). Toutefois, son rythme se révèle « plus modeste qu’entre 2019 et 2020 (+1,9% soit +19 900 salariés) » rendu nécessaire par la crise sanitaire. Cette progression concerne les personnels médicaux (+1,9% entre fin 2020 et 2021, soit +2 700 salariés) et le personnel non soignant (+2% en 2021 soit +5 400 salariés). En revanche, les effectifs de personnel non médical soignant de ce secteur ont « légèrement » reculé en 2021 (- 0,3 % soit -1800 salariés/-0,8 % du nombre de salariés infirmiers) alors qu’ils avaient connu un rebond en 2020 (+1,7%), en particulier les infirmiers et les aides-soignants.
Quant à leur rémunération, la Drees constate qu’en 2020 (chiffres 2021 non disponibles) celle (moyenne) du personnel non médical soignant (infirmiers, aides-soignants, etc.) s’élevait à 2 201 euros (+7,1 % en 2020 après +0,8 % en 2019). Plus précisément, le salaire net mensuel en équivalent temps plein (EQTP) des infirmiers était de 2 449 euros (+6,4% par rapport à 2019), sachant que comme pour les autres professions, il était plus élevé́ dans le secteur public que dans le secteur privé, lucratif ou non (respectivement 2 506 €, 2 311 € et 2 269 €).
Santé économique et financière du secteur
Enfin, à propos de la situation économique et financière du secteur, la Drees pointe, entre autres, un « désendettement des hôpitaux publics [qui] s’accentue à la faveur du Ségur de la santé » et ce, « malgré la persistance des déficits » (- 415 millions d’euros après -92 millions en 2020), de même qu’« un effort d’investissement [qui] repart légèrement à la hausse » (4,4 Mds€ en 2021 versus 3,9 Mds€ en 2020). Quant à celle des cliniques privées à but lucratif, celle-ci « continue à s’améliorer » d’après les premières estimations pour 2021. « Leur résultat net s’établit à 3,7 % des recettes, en hausse de 0,6 point par rapport à 2020. Il atteint ainsi son plus haut niveau depuis 2006, point de départ des observations. » Néanmoins, « des disparités persistent même si elles tendent à se réduire », nuance quelque peu la Drees. Et d’ajouter encore : « L’effort d’investissement poursuit sa reprise amorcée en 2019 et atteint 5,4% des recettes en 2021. Le ratio d’indépendance financière des cliniques privées, en baisse continue depuis 2011, atteint 32,5% des capitaux permanents. »
Valérie Hedef