S’épanouir en devenant infirmier de bloc opératoire
Publié le 17/08/2017
Marine, Bruno et Cécile, tous trois infirmiers de bloc opératoire (Ibode), racontent pourquoi ils ont choisi d’exercer cette spécialité, ses spécificités et ce qu’ils tirent de cette profession. Merci à l'Union Nationale des Associations d'Infirmiers de Bloc Opératoire Diplômés d'État (Unaibode) d'avoir partagé ces témoignages.
Être Ibode, c’est avant tout une fierté personnelle
, s’exclame Marine, Ibode à Reims. C’est s’investir dans un processus de formation continue qui va de pair et qui est en adéquation avec son métier. On est Ibode car on est passionné par ce que l’on fait, parce qu’on souhaite travailler dans un cadre sécuritaire, pérenniser, développer et améliorer ses connaissances initiales et en faire bénéficier ses pairs par la formation, la transmission du savoir
.
D’infirmier à Ibode
Rappelons que pour devenir Ibode, un infirmier doit passer un concours et se former durant 18 mois. La spécialité a en effet ses spécificités et permet d’exercer les rôles d’infirmier circulant, d’instrumentiste et d’aide-opératoire. La formation est d’autant plus nécessaire que les Ibode se sont vus attribuer des actes exclusifs qu’ils sont les seuls habilités à réaliser.
On est Ibode car on est passionné par ce que l’on fait, parce qu’on souhaite travailler dans un cadre sécuritaire, pérenniser, développer et améliorer ses connaissances initiales et en faire bénéficier ses pairs par la formation, la transmission du savoir
Bruno a décidé de devenir infirmier à la suite d’un travail d’été dans un centre de soins pour personnes âgées. À leur contact, j’ai pris conscience des soins et de la prise en charge relationnelle particulière de nos ainés et quand je me suis présenté au concours d’entrée de l’IFSI, c’était pour exercer dans une structure similaire
, explique-t-il. Néanmoins, sa formation l’a amené à en apprendre plus sur d’autres aspects de la profession, notamment la chirurgie. J’ai découvert la chirurgie, les pansements de cicatrice opératoire et la satisfaction de voir les soins évoluer dans le bon sens. Je conservais le côté relationnel que j’affectionnais tant car il est très facile d’échanger avec les patients durant le pansement, mais j’avais en plus un geste technique à réaliser
. Sa curiosité et son envie de répondre aux questions de ses patients l’ont ainsi logiquement mené au bloc opératoire, un milieu qui pour les étudiants peut paraître froid, aseptisé, fermé et peu accueillant. La première chose que l’on voit au bloc, c’est un grand panneau « sens interdit », « entrée interdite », puis des gens masqués qui nous accueillent, et il n’est pas toujours aisé de traduire leurs émotions en ne distinguant que leur regard. Ce n’est pas ce qui donne le plus envie de franchir cette barrière… Pourtant, un tout autre milieu s’offre à nous lorsque l’on passe ces portes !
, souligne Bruno. Et d’ajouter j’admire aussi bien le travail du chirurgien que celui de l’Ibode qui travaille à ses côtés : les instruments défilent, s’échangent entre eux alors qu’ils parlent d’autre chose. Le circulant, discret, gère sa salle, en gardant un œil sur tout le monde (et notamment sur moi, jeune novice), assure la traçabilité, fournit à l’instrumentiste ce qu’il lui faut avant qu’il en ait besoin ! Je suis épaté !
. Finalement, après avoir obtenu son diplôme d'État infirmier et à la suite de plusieurs passages au bloc opératoire, Bruno se tourne vers la formation Ibode.
Quant à la dimension relationnelle qui lui est chère, Bruno la retrouve dans la prise en charge de ses patients lorsqu’ils arrivent au bloc opératoire, mais pas que. Ils sont souvent stressés, parfois perdus. Ainsi, j’ai un gros travail à effectuer afin d’amener mes patients dans les meilleures conditions de sécurité tant physiques que psychologiques, dans la salle d’intervention. De plus, de nombreuses interventions se déroulent désormais sous anesthésie locale, peri ou rachi, donc le patient doit être en confiance tout au long de l’opération et cela fait aussi partie de notre rôle. Par ailleurs, de nombreux Ibode suivent une formation d’hypnose ou de sophrologie afin d’accompagner les patients de la meilleure façon qui soit. Enfin, les visites pré opératoire Ibode me permettent de retourner dans le service et de continuer à échanger avec les patients (et parfois leur famille). J’ai donc tout ce qu’il me faut pour m’épanouir professionnellement
, conclut-il.
La première chose que l’on voit au bloc, c’est un grand panneau « sens interdit », « entrée interdite », puis des gens masqués qui nous accueillent, et il n’est pas toujours aisé de traduire leurs émotions en ne distinguant que leur regard. Ce n’est pas ce qui donne le plus envie de franchir cette barrière… Pourtant, un tout autre milieu s’offre à nous lorsque l’on passe ces portes !
S’enrichir professionnellement et être reconnu
Marine, Bruno et Cécile s’accordent à dire que leur spécialité leur permet de s’enrichir professionnellement, d’être plus à l’aise, de mieux appréhender les installations per opératoire et les techniques chirurgicales et d’adopter une posture réflexive. Comme l’indique Cécile, la formation d’Ibode nous fait réfléchir et savoir pourquoi nous faisons les choses, ce qui m’aide au quotidien face à des situations peu courantes. Ces réflexions nous permettent d’adapter nos soins aux personnes soignées. Par ailleurs, nous pouvons répondre plus aisément aux questions posées par les nouveaux IDE arrivant au bloc et aux étudiants Ibo. Ces derniers nous maintiennent dans un certain dynamisme et les questions restées en suspens nous poussent à chercher les réponses
.
De son côté, Marine insiste sur la reconnaissance qu’elle a acquise grâce à la formation et à son diplôme notamment de la part de certains chirurgiens et de ses collègues qui se tournent vers elle pour demander conseil. Cela m’apporte de la sérénité dans l’exercice de mes fonctions. Je donne envie à mes collègues de faire la formation ou au moins de s’investir dans ce qu’ils font, de se poser des questions et non de faire les choses par mimétisme
. De plus, le fait d’être Ibode est une plus-value pour le patient, pour l’équipe et pour l’employeur étant donné qu’il dispose d’un personnel qualifié et compétent
, estime Marine. Évidemment je ne vis pas dans un monde « utopique » et certaines choses sont plus ou moins facilement réalisables, admet-elle. Mais il faut y croire, c’est un « combat » à vivre chaque jour et il faut savoir défendre ses valeurs professionnelles
Aurélie TRENTESSE Journaliste Infirmiers.com aurelie.trentesse@infirmiers.com @ATrentesse