Emploi des soignants, pas de soucis sur la quantité mais sur la qualité

Publié le 10/01/2012

Etudiants infirmiers Les étudiants infirmiers et les jeunes diplômés doivent-ils craindre un manque de débouchés professionnels dans un futur proche ? La récente annonce de suppression d'emplois à l'AP-HP et la déclaration du délégué général de la FHF de son extension probable à l'ensemble des hôpitaux peuvent effectivement leur donner quelques motifs d'inquiétude : la majorité des infirmiers de France travaillent dans des établissements publics de soin.

Cette crainte est fondée sur l'engagement du Président de la République à faire respecter la progression de l'ONDAM (objectif national de dépenses de l'assurance maladie, voté par le Parlement) en dessous de 3 % par an, ce qui n'a quasiment jamais été le cas depuis sa création. La maîtrise des dépenses de santé est le vœu pieux de la plupart des gouvernements occidentaux depuis de très nombreuses années. L'importance des déficits publics et la conviction qu'il faut les réduire feront peut- être passer à sa réalisation. L'avenir le dira, mais il est permis d' être sceptique.

Quoiqu'il en soit, on peut noter qu'à part l'AP-HP, la plupart des établissements ont déjà remarquablement bien avancé sur la voie du retour à l'équilibre budgétaire sans procéder à des licenciements « massifs ». Auront-ils besoin de faire plus ? Il faut plutôt craindre qu'ils aient besoin de faire autant, c'est-à-dire continuent à exercer une pression de plus en plus forte pour augmenter la « productivité » de leurs personnels. C'est bien ici que semble se situer le véritable enjeu : comment augmenter l'efficacité des professionnels en jouant sur l'organisation des soins sans aggraver leur menace de « burn-out » ?

M ême si l'emploi devait peu ou pas progresser dans les hôpitaux, ce qui reste à prouver, les récentes projections de Pôle emploi montrent que les besoins de recrutement d'infirmiers vont être majeurs dans les années qui viennent, confirmant une tendance marquée des années passées. Il est vraisemblable, voire pour de nombreux observateurs souhaitable, que les recrutements se fassent de plus en plus en libéral ou en structures extra-hospitalières, en raison principalement du vieillissement de la population.

Ici, il est certain que la demande continuera à être soutenue. Rappelons que d'après la dernière étude de la DREES (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques) sur le sujet, l'immense majorité des nouveaux diplômés trouvent très rapidement un emploi à leur sortie d'école. Ici aussi, la question est de savoir s'ils sont formés à ce qui les attend s'ils décident d'exercer hors hôpital : principalement la prise en charge de personnes âgées.

Quel que soit le secteur considéré, le problème principal n'est donc pas de trouver un emploi, mais d'exercer dans des conditions satisfaisantes. Ce qui implique de profondes mutations de notre système de soins. Vaste entreprise !

Paris, 7 juin 2010

Serge Canasse
Serge.cannasse@carnetdesante.fr